À mon elfe, dont les yeux de fougère ne me quittent jamais.
« Ils ont brisé mon violon
Parce que j’ai l’âme française
Et que, sans peur, aux échos du vallon
J’ai fait chanter la Marseillaise ! »
René de SAINT-PREST et L. CHRISTIAN, le Violon brisé, 1885
Bazeille, 28 mai 2008. Format 15 × 22 cm.
Composition du texte en ATWeddingText de Monotype, corps 11, interlignage 12,5.
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Paul Déroulède (1846-1914), avec son nationalisme revanchard, ses alexandrins bancals et ses rimes foireuses, était-il un salopard ? C’était peut-être surtout un fieffé imbécile, en tout cas certains de ses contemporains le tenaient-ils pour tel ainsi Alphonse Allais, comme en témoigne ce merveilleux petit texte. Il est vrai qu’on peut cumuler, et quoi qu’il en soit Déroulède a eu de son temps un incroyable succès : la version de ses Chants du soldat dont je me suis servi pour ce petit travail (Calmann-Lévy, 1885, disponible sur Gallica) en était la cent soixante-seizième édition (!) et mentionne fièrement le couronnement de l’ouvrage par l’Académie française.
Inlassablement, Déroulède y chante la France chauvine et éternelle, la laideur de la Prusse, la beauté des massacres, le retour prochain de nos deux chères sœurs : l’Alsace et la Lorraine. Il chante la défaite héroïque, il chante la victoire de demain. Et son plus beau poème, en tout cas celui que je préfère, c’est Bazeille : « Pif ! paf ! les Bavarois s’avançaient en colonne. »
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Le poème, dans sa page…
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Finalement, mon choix s’est porté sur le Wedding de Monotype. Il m’a simplement fallu dessiner un « œ » manquant et réduire fortement les espaces, à 85 % de leur valeur initiale, pour retrouver l’esprit des belles Fraktur de notre envahisseur.
La maquette de couverture m’a un peu fait tâtonner : je crois avoir finalement obtenu un effet comique un peu surprenant, mais plaisant. Un beau hasard m’a fait tomber sur une gravure représentant le massacre de Bazeilles (sans son curé légendaire). Ce chef-d’œuvre guerrier, dû à un Herr Doktor comme Déroulède devait les abhorrer, est ainsi venu couronner, en quatrième de couverture, mon hommage rigolo à notre cher poète national.
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Quatrième page de couverture (détail) :
le sanglant triomphe des Bavarois. |
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Couverture, composition
en corps 116, 15 et 12. |
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En revanche, la mise en pages du texte (cliquer sur ce lien pour voir la page du poème en taille réelle) s’imposait d’elle-même : il n’y a pas cinquante façons de composer un poème, même médiocre et même en Fraktur.