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From: Thierry.Bouche@ujf-grenoble.fr
Subject: Re: Maldoror, ses pompes, ses oeuvres
Date: Wed, 23 Sep 1998 12:08:54 +0200 (MET DST)
Concernant « Maldoror, ses pompes, ses oeuvres », Alain Hurtig écrit : « » J'ai hésité avant d'envoyer ces longues,

Et tu as eu raison !

Je n'ai malheureusement toujours pas réussi à voir ton oeuvre à cause d'une défaillance du format PDF (chez moi ou chez toi, qui sait...?), mais ce récit vaut cent livres de la Desplechin, alors merci à toi !

`» Au coeur de l'été, j'en étais arrivé aux conclusions suivantes : il s'agit » _d'obliger à lire_ un texte par nature illisible, mais aussi d'arrêter le » lecteur par la gêne _physiquement_ ressentie devant la mise en pages, le » tout en le forçant à poursuivre la lecture. Et aussi de restituer l'aspect » épique, lyrique, du poème, tout en soulignant son côté malsain, » cliniquement malade et fou. De faire à la fois de la typographie invisible » (purement fonctionnelle) et visible (totalement expressive). Vaste ambition

J'imagine que la gestion abherrante des blancs creuse des trous qui ont ce double _effet_ (aspiration/répulsion) ?

» Il faut croire, cependant, que j'ai trop l'habitude des formats verticaux, » parce que j'ai tenté un moment de diviser mon empagement horizontal en deux » colonnes : mais c'était trop « joli », un peu mièvre (comme on me l'a » d'ailleurs signalé sans ménagements !), alors j'ai renoncé.

je crois que c'était le piège qui menaçait inévitablement ton empagement horizontal. Pourtant, le multicolonnage collerait très bien avec mon idée de mise en page journalistique : peut-être découper l'empagement en cinq cases inégales ? avec des valeurs de gris différentes ?

» Mais la remarque » (en privé) d'un colistier, selon qui on pouvait feuilleter ce livre « comme » un bloc-note » (à cause de sa symétrie, je suppose) m'a tellement » vexé

que le rénégat soit immédiatement châtié ! Je crois cependant que tu n'as pas compris sa remarque : à cause de la symétrie horizontale, on verrait bien l'ouvrage relié par le bord supérieur, et non sur le côté (tout faire à l'envers, n'oublions pas !) Dans ce cas, tu pourrais même folioter (ou insérer le titre courant) un coup au-dessus, un coup en-dessous. Ça induirait une autre lecture, le livre posé « comme un bloc-notes » à plat sur la table ou sur les genoux ; donc malhabile (lenteur, gêne...) mais terriblement excitante par sa nouveauté même, et rendrait l'appréhension du déhanchement stylistique de Lautréamont _physique_.

» Pour finir : fallait-il créer un renfoncement d'alinéa ? Non, ça aurait été » une concession à l'esthétique du « livre bien fait ». Mais la puce carré » qui signale le début de chaque strophe (sauf au Chant 6, où les strophes » sont numérotées par l'auteur) m'a parue bien utile, accompagnée de sa ligne » blanche supérieure : elle donne un rythme vertical qui soulage un peu le

je répète en public que je la verrais bien brune ou mordorée, merdeuse ou merdique.

Amitiés, Thierry Bouche, Grenoble.