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Le Complot des Invisibles
À propos de Julien Coupat et de ses camarades

Pour mon elfe, argentée de saphir, sans qui
le cœur du monde s’arrêterait de battre.
« — Fantômas ! — Vous dites ? — Je dis… Fantômas. — Cela signifie quoi ?
— Rien… et tout ! — Pourtant, qu’est-ce que c’est ? — Personne… mais
cependant quelqu’un !— Enfin, que fait-il ce quelqu’un ? —
Il fait peur !!! »
Pierre S
OUVESTRE & Marcel ALLAIN, Fantômas, Paris, 1911.



À l’automne 2008, quelques jeunes gens — déjà hautement suspects d’être doués de faculté de lecture et d’écriture, et par ailleurs de se montrer forts mécontents de l’état de ce monde — furent accusés d’avoir retardé, pendant quelques heures, des trains de la SNCF aux quatre coins du pays.

Magistrats, policiers et journalistes firent alors grand cas du nom de Comité invisible sous lequel ces individus se rassemblaient pour partager leurs mauvaises lectures, et leurs écrits plus condamnables encore. Assurément, plus qu’à Netchaïev, c’était à de modernes Fu Manchu, ou à Fantômas, que l’on avait affaire. Comme nos nouveaux Invisibles risquaient de disparaître en se dissolvant dans les airs, et sans perdre trop de temps à étayer les preuves de leurs crimes inouïs, on les emprisonna.


Les Appels du Collège des Invisibles, Paris, 1623.
Composition effectuée en novembre 2008, en Hadriano corps 12,8 et 11,3,
Jenson corps 9, Codex corps 36 et ScalaSans corps 4. Format : 11,9 × 17,6 cm.



C’est pour contribuer à l’intelligence de cette intrigue — laquelle d’évidence remonte à loin — que nous nous avons cru utile de publier ici les textes authentiques de deux affiches qui, en 1623 déjà, révélaient au public ce qu’il en est du Collège des Invisibles et de ses dangereuses menées.



Notes
à l’intention de ces Messieurs de la Police et du Palais

Le premier des deux Appels a été recueilli par Gabriel Naudé, secrétaire du cardinal Mazarin, dans un opuscule nommé Instructions à la France sur la vérité de l’histoire des frères de la Rose-Croix, publié à Paris avec privilège du roi, en 1623 ; le second Appel a été publié la même année, dans un écrit clandestin et anonyme nommé Effroyables Pactions faites entre le diable et les prétendus Invisibles.
Ces deux textes, accompagnés d’un troisième, ont été réédités en fac-similé par Gutenberg Reprint, à Paris, en 1979. On peut librement télécharger ce très étrange ouvrage sur le site web de la Bibliothèque nationale de France.
La reproduction de la couverture du vingt-septième volume des aventures de Fantômas, paru en 1913, vient de l’excellent site web consacré à ce sinistre personnage : www.premiumwanadoo.com/fantomasfr/.


« Ces dates sont un symbole, voire un hommage,
pour ne pas dire un message »
Numérologie judiciaire
(Ajout du 27 avril 2009)

On se félicitera que la Justice et la Police aient désigné le juge Fragnoli pour explorer les ressorts secrets d’une affaire si ténébreuse : il fallait au moins un disciple du Sâr Joséphin Péladan ou d’Éliphas Lévi, et qui fusse doté des mêmes capacités intellectuelles, pour déjouer le complot des Invisibles. Ainsi la presse a-t-elle dévoilé ces jours-ci l’analyse, très numérologique et toute empreinte d'ésotérique sagesse, de ce juge-enquêteur :

Sagesse d’un juge numérologue :
« Curieusement, les dates [des sabotages, NDLR] du 25 octobre et du 7 novembre ne sont pas si anodines qu’elles paraissent puisque chacun sait que c’est le 25 octobre (dans le calendrier julien, soit le 7 novembre dans le calendrier grégorien) qu’a eu lieu ce que l’histoire a retenu sous le nom de “l’insurrection de Petrograd”, élément fondateur de la révolution russe qui éclate en 1917 dirigée par Léon Trotski, et ayant pour objectif des points stratégiques tels que notamment les ponts et les gares. Cette même nuit du 25 au 26 octobre (soit du 7 au 8 novembre 1917 en calendrier grégorien), le palais d’Hiver était pris par les insurgés. Or précisément, il est fait allusion à cet épisode historique dans l’Insurrection qui vient. Page 118 : “Les moments de grand retournement : 10 août 1792, 18 mars 1871, octobre 1917” [octobre 1917 souligné par le juge, NDLR]. Page 121 : “Il y a bien encore des palais d’Hiver.” On pourrait presque en déduire que le choix de ces dates du 25 octobre du 7 novembre par les auteurs de dégradations des lignes TGV est à lui seul un symbole, voire un hommage, pour ne pas dire un message s’inscrivant dans la même veine que l’Insurrection qui vient. Qu’en pensez-vous ? »
(Ces propos du juge Thierry Fragonali ont d’abord été publiés par David Dufresne, dans Médiapart.)

En effet… À cette date (juin 2009) et pour ces curieux motifs, Julien Coupat et ses camarades sont toujours mis en examen et risquent de retourner en prison…



Des comités de soutien aux Invisibles de Tarnac se sont constitués ; on peut les contacter sur le site web qui les fédère.
Sur le même site, on pourra lire l’importante Lettre ouverte à tous ceux qui soutiennent les inculpés du 11 novembre publiée par Benjamin, un des inculpés de Tarnac.
Enfin, on trouvera sur Internet d’autres témoignages de soutien (analyses, dessins, textes, etc.) sur le site du Terrier, et un peu partout ailleurs… Et notamment sur le site de La Parisienne, avec sa très indispensable et très hilarante chanson : UHT (Ultime Hyper Totale Gauche).




12 avril 2018 : les inculpés de Tarnac ont tous été innocentés. À cette occasion, la Justice a tenu à souligner que cette affaire reposait sur un malentendu et qu’en définitive, « Le groupe de Tarnac était une fiction. »



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