À Martine Toda. À mes enfants Martin et Nadia Hurtig.
En souvenir du lumineux automme de 1998.
« Le vierge, le vivace et le bel aujourdhui
Va-t-il nous déchirer avec un coup daile ivre. »
Stéphane MALLARMÉ, Sonnet, 1885.
Cliquer ici pour afficher le livre et le feuilleter en grand format…
Une traversée des Chants de Maldoror, dessins de L.L. de Mars et texte intégral du comte de Lautréamont, est publié par les éditions 6 Pieds sous terre (29 euros, 224 pages, ISBN : 978-2-35212-009-4). Mis en vente en librarie le 4 janvier 2007, il en reste encore peut-être quelques exemplaires, disponibles sur commande sur le site Web de léditeur. Cet ouvrage, sous copyleft, est présenté par son auteur sur le site Web du Terrier, où il est également disponible en téléchargement.
Une question dadaptation
Lorsque L.L. de Mars ma proposé, courant 2005, de reprendre mon travail de 1998 sur Maldoror pour accompagner un livre de dessins quil avait en préparation,
jai été à la fois intrigué et extrêmement séduit. Et cest sans
hésiter que j'ai accepté le défi.
![]() |
![]() |
|||
septembre-octobre 1998. Composition en Fenice, corps 12. Format réel : 20 × 16,66 cm. |
août-septembre 2006 Composition en Cheltenham Condensed et Handtooled, corps 10,8. Format réel : 24 × 16,5 cm. |
|||
Son souhait était que je suive ma ligne directrice de 1998, tout
en ladaptant à son projet : « Ce serait pour accompagner les
dessins, sur un format allongé. Exactement comme un livre pour
enfants. Mais des grands enfants un peu pervers… »
Très vite, jai pensé que cette adaptation pourrait se faire ainsi :
Composition du texte en Cheltenham et non plus en Fenice (lemploi
du Cheltenham mavait dailleurs été, dès 1998, suggéré par Thierry Bouche).
Passage, là où cétait possible, du texte sur deux colonnes,
pas nécessairement de largeurs égales, avec un gris typographique
suffisamment serré pour éviter laspect mièvre et trop joli quon
peut redouter en ce cas-là et dans un tel format.
Tentative de retrouver la typographie un peu lourde, un peu
défectueuse, un peu pressée, des feuilletons littéraires publiés
dans les quotidiens du XIXe siècle, notamment en resserrant les approches tout en nhésitant
pas à utiliser ça et là des blancs intermots un peu lâches, ou
des césures quen dautres occasions je trouverais douteuses.
Travail préparatoire de 2005, page de droite.
Composition en Cheltenham semi-étroitisé, corps 10,8.
Format réel : 25 × 17 cm.
Travaux préliminaires et travail achevé
Au début, il sagissait simplement dhabiller les dessins avec
le texte de Lautréamont, mais très vite le projet a été abandonné
sous cette forme, et L.L. de Mars a commencé à typo-malmener les
Chants à sa façon, en Aldus.
Il sexplique dans le livre, de façon éloquente et forte, sur
cet aspect de son travail, ainsi que sur la démarche qui la conduit
à vouloir publier un livre en deux parties : un cahier de 80 pages
où ses illustrations alternent et répondent à sa « destruction »
du texte de Lautréamont, suivi par un cahier contenant la mise
en pages du texte intégral (et intact…) des Chants.
extraits dUne traversée des Chants de Maldoror.
Alors jai tout recommencé, me conformant aux demandes de lauteur
et de léditeur : stricte séparation du « chemin hors de la lecture
» de L.L. de Mars et du texte intégral de Lautréamont, nouveau
format de l'ouvrage, nombre de pages restreint, utilisation de
couleurs Pantone pour le texte et le fond des pages.
Ainsi deux visions de la même œuvre se côtoient, sobservent et
se répondent : celle de L.L. de Mars et la mienne. Deux façons
denvisager le texte, de tourner autour, de le servir et de le
repousser. Lune sappuyant sur lautre et inversement.
Et un aspect du mien : les pages 100 et 101 des Chants (août-septembre 2006).
Composition du texte en Cheltenham Condensed, corps 10,8, interligné 11,5.
Format réel de chaque page : 24 × 16,5 cm.
Les titres intérieurs, lettrines, titres courants et folios ont
été travaillés séparément : utilisation de la version azurée du
Cheltenham pour les titres intérieurs et les lettrines, passage
des titres intérieurs, des titres courants et du foliotage dans
la couleur du fond (très affadie).
![]() |
![]() |
|||
|
en Cheltenham gras |
Le Cheltenham Condensed est formidable. C’est une mécane, mais qui n’a pas l’aspect balourd, un peu statique et brutalement imposante de sa sœur de chasse normale. À taille classique d’impression pour un travail de labeur, elle évoque presque, par sa silhouette fine et lyrique, un jouet d’enfant qui serait élancé vers le ciel. C’est la didone du pauvre, si l’on veut d'une évangélique pauvreté : une fausse didone très élégante, pour journaux populaires à grand tirage… À des années-lumière du monstrueux Fenice (une « vraie » didone) utilisé pour ma première version.
en Cheltenham Consensed (à gauche)
et en Cheltenham Book (à droite).
![]() |
![]() |
||
de la page 213 des Chants. |
Le colophon
À ce livre, il fallait un colophon…
Après bien des hésitations (voir mes deux autres essais sur la
page de ce site consacrée aux colophons), celui retenu est en Cheltenham Consensed corps 8, tout en capitales.
Retour au sommaire :
Lire la deuxième partie :
Comme un carnet de chants… (1998)